Billet plus ou moins philosophique, état actuel de mes réflexions, en ce dimanche après-midi ensoleillé… A la rencontre des locaux et des habitants de ces pays que l’on traverse, sujet qui me taraude et me fait poser de plus en plus de questions et donne un sens à mes voyages. A sa manière, ce sujet me renvoie également à la définition même du voyage…
A l’origine
Lors de mes premiers voyages, à l’étranger dirons-nous, pour faciliter la définition du voyage, je crois que je ne m’intéressais que (trop) peu aux étrangers eux-mêmes et aux habitants des quelques pays que j’ai traversé. Je crois que j’en prenais déjà plein les mirettes et j’avais suffisamment à apprendre sur moi lors de ces aventures. Et oui, je crois que mes premiers voyages, en Belgique et en Turquie en particulier (jusqu’en Turquie pour être plus exact, car la traversée de la moitié de l’Europe avec un pass interrail est une aventure en soi), j’ai appris à me connaître au travers des réactions que les événements suscitaient. Et puis à vrai dire, je voyageais avec des amis, ceux avec lesquels il est aisé d’échanger et de confronter son point de vue.
Le point clé d’ailleurs se trouve peut être dans cette sorte de solitude du voyageur. Expérimentée quelques temps après, c’est là que la nature se révèle. Je suis, comme beaucoup mais le ressens avec force, un être social et j’ai besoin des autres pour échanger, apprendre, évoluer et partager. Alors naturellement, lorsque je me suis retrouvé tout seul à Istanbul il y’a une dizaine d’années, c’est assez naturellement que je me suis retrouvé à échanger avec des locaux, d’abord pour mes besoins quotidiens et petit à petit…. Pour vendre des tapis au Grand Bazar.
Cette première expérience, hors du commun, admettons-le, reste sans doute l’un de mes plus beaux souvenirs de voyage… Avec cette partie de belote dans un train en partance pour Turin avec une bonne sœur peut-être…
A la rencontre de l’autre
Le véritable événement qui m’a fait changer ma manière de voyager, c’est sans nul doute le Couch Surfing. J’en ai déjà parlé à plusieurs reprises dans ces colonnes et ne me lasse pas d’y repenser. Stéphanie, une maquilleuse en week-end dans ma ville pour le travail, vient d’ailleurs de quitter mon appartement il y’a quelques heures. Cet accueil, m’ont renvoyé à toutes ces rencontres de « locaux » lors de voyages. A tous ceux qui m’ont rendu service, m’ont fait voir la vie autrement, l’espace d’une soirée, de quelques jours. M’ont fait découvrir leurs chez eux, leur ville, leur pays, leur culture… Et d’une certaine manière, m’ont renvoyé à la mienne. M’interrogeant tour à tour sur ma façon de faire la cuisine, mon travail, mes relations personnelles, mes lectures ou la musique que j’écoute. J’ai probablement eu le même impact chez ces gens là, ceux que j’accueille ou que je rencontre aux quatre coins du monde. Je retiens encore une fois cette rencontre avec Taylor, un CSer hors du commun et une personne qui m’a beaucoup marqué.
C’est aussi pour cela que les émissions d’Antoine de Maximy (J’irai dormir chez vous) et plus récemment les épisodes de Nus et culottés mis en musique par Nans et Mouts me touchent encore plus. La rencontre est au cœur de leurs démarches. Et ces rencontres amènent les spectateurs à se poser des questions, que malheureusement certains ne se posent pas, faute de voyager.
C’est sans doute à l’écoute de l’émission 3D de ce matin sur France Inter que cette parenthèse s’ouvre dans mon propos. Nos deux invités, Paul-Hervé Lavessière et Baptiste Lanaspeze, évoquent les randonnées urbaines et la possibilité, pour tout un chacun (et a fortiori aux parisiens), de voyager en partant d’un terminus de métro ou de RER. Ecoutez-donc cette émission et aller faire un tour sur le site de la Révolution de Paris… Plutôt intéressant comme concept de tourisme expérimental. A noter d’ailleurs que la question sur les rencontres faites lors de ces voyages a été posée par le journaliste. Comme quoi, pas besoin d’aller bien loin pour rencontrer des locaux et apprendre des choses…
Force est de constater que je retiens souvent les rencontres comme les meilleurs moments de mes voyages. C’est donc assez naturellement que je suis venu à me poser la question du rôle des rencontres dans mes voyages et de leur importance.
Et comment rencontrer des locaux ?
LA bonne question ! Dont la réponse n’a, selon moi rien, de trivial.
D’une part parce que notre premier obstacle sera souvent nous-même et je crois qu’on doit davantage se méfier de soi-même et de ses peurs en voyage pour aller à la rencontre de l’autre. C’était en substance ce que j’avais retenu d’une conférence qu’avait fait Nans et Mouts. Après s’être délesté de tout élément matériel (argent, vêtements), l’un des deux compères évoquait avoir découvert quelque chose de bien plus lourd en voyage : les peurs. Celle de l’autre en premier lieu, construite sur des a priori et des croyances ou autres normes sociales et légendes urbaines. C’est ainsi qu’un des épisodes de leur série relatait la rencontre de corses ayant été emprisonnés pour assassinat. Ces rencontres me font penser qu’il faut non pas une bonne dose de folie pour s’incruster chez une personne comme celle là, mais peut être du courage. Le courage d’affronter ses peurs ou de simplement les mettre de côté. Celle de donner une chance à l’autre. le premier des apprentissages du voyage, faire confiance à l’inconnu.
Aussi parce que les locaux ne sont pas toujours « accessibles ». La barrière de la langue, la culture, l’Histoire, les différences de génération sont des obstacles qu’il faut se préparer à franchir par exemple. C’est d’ailleurs le sujet de cette campagne de communication de la préfecture de tourisme d’Okinawa au Japon :-). Je vous laisse découvrir cette vidéo qui compare les réactions de berlinois, hong-kongais ou japonais aux question des touristes… Ce ne sont que de petits portraits et des moments choisis, mais tellement révélateurs des situations que l’on rencontre en voyage. Saviez-vous qu’il existait une « pose typique » à adopter sur les photos au Japon ? N’importe quoi ! Mais tellement marrant…
Toujours est-il que le Couch Surfing, reste pour moi, l’une des meilleurs manières de rencontrer des locaux dans un pays dans lequel on voyage. C’est surement le meilleur moyen que j’ai trouvé pour passer de bons moments, découvrir la culture, goûter des plats typiques et m’immerger dans ma destination. On peut quand même retomber sur les obstacles que j’évoquai plus haut… je me souviens avoir eu beaucoup de mal à trouver un Couch Surfing en Espagne. Un espagnol lui-même évoquait la réticence des gens à faire rentrer des inconnus chez eux, en étroite résonance avec la période du franquisme… Je n’ai jamais pu vérifier cette théorie. Après, pour se rendre dans votre destination, le covoiturage sera aussi une bonne solution selon moi.
Et une fois sur place, vous pouvez-faire comme dans la vidéo ci-dessus. Ou… Vous jeter à l’eau, comme le ferai Nans et Mouts peut être (mais avec des vêtements hein ?) ! Evidemment, cela implique d’avoir mis de côté certaines appréhensions, certaines peurs et d’avoir éventuellement un plan de secours. Ce que je conseille d’ailleurs par exemple aux filles qui souhaitent faire du Couch Surfing et ont un peu peur de tomber sur des dragueurs que sur des hôtes bienveillants. Ça me rappelle cette application sortie récemment également : Tint Travel. L’idée est de faire une recherche chez ses amis Facebook pour aller loger chez leurs amis à eux… Partant du principe que les amis des ses amis sont nos propres amis… A tester !
Quelle place prennent les rencontres dans vos voyages ? Est-ce que pour vous aussi elles deviennent un élément central ?
2 réflexions sur “A la rencontre des locaux, miroirs du voyageur”
merci pour cet article !
Bonsoir,
je viens de découvrir ce blog et de lire notamment cet article. J’aime aussi beaucoup le couchsurfing même si dans les faits j’ai plus souvent été hébergée par des expatriés que des locaux… Autre clin d’œil: nous sommes actuellement en Espagne et avons beaucoup plus de facilités à trouver des hôtes qu’en Angleterre. Il me semble que la rencontre est essentielle à un beau voyage, à un voyage qui ait du sens, mais ce n’est pas toujours facile, comme tu le dis, de dépasser ses peurs, de dépasser celles des locaux et d’établir de vraies relations… Je cherche encore le moyen. Etre soi, entier, honnête, ouvert et souriant, c’est la base !