Encore une interview d’expatriée pour compléter cette catégorie du blog… Aujourd’hui, c’est avec grand plaisir que j’accueille Alix Maubrey, fraichement rentrée de l’autre côté de l’atlantique, des envies de nature et des rêves plein la tête qu’elle m’a montré à travers ses pinceaux et ses crayons. J’ai eu l’occasion de rencontrer Alix lors de la dernière édition du rendez-vous des carnets de voyages de Clermont-Ferrand (dont je vous dois un compte rendu…). Après 3 ans passés à Brooklyn, Alix a tiré le portrait de ce quartier new-yorkais et s’est faite remarquer en décrochant la 3ème place du concours Libération-APAJ en 2012 avec ses Bulles de Brooklyn !
C’est avec quelques mots et expressions bien d’là-bas qu’elle a gentiment accepté de nous faire un petit portrait de Brooklyn et de ses habitants, en répondant aux 10 questions du questionnaire de Pivot.
Avant de commencer le questionnaire proprement dit, est-ce que tu peux présenter ton blog en quelques mots ?
A frog In Zoo York est un blog que j’ai commencé en 2010, en arrivant à New York. C’était une façon pour moi de partager mes impressions dans cette nouvelle vie + ville avec mes proches, mais aussi une manière de me pousser à créer quelque chose régulièrement. Le nom « a frog« , la grenouille, fait référence au surnom des français donné par les anglais et « Zoo », évoque la jungle urbaine new-yorkaise. Aujourd’hui, je ne le mets plus à jour régulièrement, il tient plutôt le rôle de plateforme pour partager quelques projets, mais j’aimerai en commencer un autre ! … Peut-être sur des observations et questions environnementales…
1. Ton mot préféré ?
« Badass ». Traduction : « mauvais cul ». Pour désigner quelqu’un ou quelque chose de vraiment vraiment cool. Les mots anglais négatifs qui indiquent quelque chose de positif sont rares, alors ils sont précieux. Et au niveau de la sonorité, c’est tout aussi « badass » à prononcer.
2. Le mot que tu détestes ?
« Awesome ». Parce que ça met tout au même niveau de supergénialité… Du coup, tout est tout de suite « awesome » et puisqu’il n’y a pas beaucoup de termes pour désigner différents degrés d’appréciation, ça rend un bon nombre de choses plus positives qu’elles ne le sont, d’où la culture ultra-positive américaine ? Et ça me déprime encore plus depuis que j’ai commencé à l’employer….
3. Un détail qui te mets particulièrement en joie, t’amuses ?
Les « stoops« ! Lieux de rencontre des habitants et voisins dans le quartier ! Stoop : palier, escalier devant les maisons. Surtout l’été, ça permet d’interagir plus naturellement, on se voit, on s’observe, on se salue, certains mettent de la musique aux fenêtres pour partager avec la rue entière… Quelques fois ça ne plaît pas à tout le monde, mais au moins le dialogue est ouvert. Du coup, plus de gens se connaissent dans le coin, des liens se tissent, une vraie vie de quartier animée et humaine…
4. Un détail qui te démotives, t’agaces, te déplait ?
Une action : ce geste quasi-automatique de la main qui jette un gobelet en papier à la poubelle !! Il y en a un nombre hallucinant chaque jour à New York où la culture des plats et boissons à emporter est inhérente. Les poubelles débordent sur le trottoir et ces déchets finissent par empoisonner la terre, les nappes phréatiques, les mers et les êtres vivants, mais personne ne semble concerné… Chaque soir, les poubelles sont évacuées de la ville, hors de vue, oubliées et le même geste se reproduit des millions de fois le lendemain…
5. Le son, le bruit que tu aimes ?
Le cri libéré des mouettes! Ca nous rappelle que la mer n’est pas très loin (en vélo, il faut à peine 1h30 de Brooklyn jusqu’à la plage, selon le point de départ), même si les bâtiments et le béton qui nous encerclent font croire à une autre réalité…
6. Le son, le bruit que tu détestes ?
Le vacarme infernal du métro sur le pont de Manhattan (un des trois ponts qui lient Brooklyn à Manhattan). Il y a une piste cyclable et piétonne à côté des rails et une superbe vue sur la rivière et le pont de Brooklyn, mais impossible de s’y promener tranquillement. C’est dommage, mais en fait ça ajoute aussi quelque chose au charme de New York, avec son côté industriel et cru.
7. Le juron, gros mot ou blasphème favori ?
« Nincampoop » !! Pour désigner quelqu’un de débile ou une action stupide. Un mot que j’ai appris bien trop tard (plus de 4 ans passés dans l’ignorance de son existence, privée du plaisir de le prononcer…). A la fois si dégoutant, à cause de la référence fécale, et si attendrissant/enfantin dans sa sonorité.
8. L’homme ou femme pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Hattie Carthan, une femme de mon quartier ! C’était une activiste et pionnière en matière d’environnement, née dans le quartier de Bedford-Stuyvesant à Brooklyn en 1900. En constatant la détérioration de son quartier, elle s’est mise à replanter des arbres et entre autres, participa à fonder les Guerrillas Vertes – qui ont conduit au mouvement des jardins communautaires dans les années 70 – ainsi que le programme « Tree Corps » pour offrir l’opportunité aux jeunes d’apprendre à prendre soin des arbres.
Alors que Hattie était une des sources du mouvement de protection des espaces verts à New York, j’ignorais totalement son existence !… Jusqu’à ce que je commence à m’impliquer dans un jardin communautaire près de chez moi, qui porte aujourd’hui son nom (Hattie Cathan Community Market).
9. Le métier que tu voudrais faire ?
Créatrice d’étincelles peut-être? Ne pas mettre le feu non plus, mais juste semer un peu de chaleur et de paillettes autour… Et si possible, que ce métier soit contagieux…
10. Le métier que tu n’aimerais pas faire ?
Pompier (d’étincelles) .
Retrouvez donc Alix et ses pérégrinations crayonnées sur son Tumblr et très bientôt dans le livre « Portraits d’ailleurs, carnets de jeunes voyageurs » à paraitre en mars 2013 chez Riveneuve Editions.