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La Géorgie, un pays en mouvement

3 semaines passées dans le pays du mythe de la Toison d’or, 3 semaines de voyage, de rencontres. 3 semaines également d’interrogation sur les orientations que prend ce pays. Rarement en voyage j’avais eu cette sensation d’être au cœur d’un grand mouvement, d’une lame de fond qui emmène toute une nation vers une nouvelle ère. Avant de vous donner quelques détails sur cette destination, un petit billet d’humeur sur mon dernier voyage en Géorgie.

Un pays ou le parpaing est roi

Force est des constater que la Géorgie est un pays en pleine reconstruction. Au sens littéral du terme tout d’abord, tant il est impossible de ne pas remarquer les chantiers qui parsèment les villes, en premier lieu la capitale, Tbilissi. C’est ce qui m’a marqué dès mon arrivée, un dimanche matin à 4 heures. Des éclairs bleutés attirent mon attention, depuis la banquette arrière de mon taxi qui semble ignorer consciencieusement le code de la route et les limitations de vitesse, tant est si bien que je me demande encore si la Géorgie en est pourvue… Ces éclairs bleutés provenaient en fait du chantier du ministère de la justice, dans lequel des ouvriers soudaient je ne sais quelle armature d’acier sous un dôme futuriste. Incroyable, des ouvriers au travail à 4h un dimanche matin… Le gouvernement à même édité un livre présentant l’ensemble des réalisations modernes disséminées à travers le pays, principalement des édifices gouvernementaux, pour faire la promotion de cette grande rénovation, à Tbilissi et Batoumi en premier lieu. Mais il est également possible de trouver des postes de police tout droit sortis de Star Wars en plein milieu d’un village perdu dans les montagnes svanies (le cas de la petite ville de Mestia en est un bon exemple, ci-dessous).

 

J’ai vite découvert que ce chantier était bien loin d’être une exception. Chaque rue a sa tranchée, sa façade en rénovation tout du moins un trottoir défoncé ou une canalisation à ciel ouvert. Et les travaux se déroulent de jour comme de nuit. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des ouvriers dormir en pleine journée sur les chantiers, raison peut être pour laquelle ils doivent faire des heures supp’ la nuit et le week-end…

Des flots d’argent pour irriguer une nouvelle économie

En reconstruction financière d’autre part. Une simple observation et les échanges que j’ai pu avoir avec les géorgiens m’ont appris que cette reconstruction se faisait à grands renforts de millions de Laris (la monnaie géorgienne). Et oui, tous ces chantiers coûtent de l’argent et les tours et hôtels poussent comme des champignons sur la marina de Batoumi. Cette même ville se voit également envahir par une population turque, dont la frontière est à une vingtaine de kilomètres au sud, venant faire la fête sur les plages et dans les casinos et autres salles de jeu de poker qui elles aussi, pullulent. La fièvre des jeux d’argent semble avoir envahi la Géorgie. Des publicités pour les casinos et leurs pendants sur internet sont visibles sur les bus, dans le métro, sur des affichages sur les autoroutes et je ne parle même pas des façades de ces temples.

L’identité géorgienne

En reconstruction identitaire également. Tu du moins il me semble… Et je crois que cette reconstruction est fortement liée aux deux premières. Cette réflexion est en lien avec le passé du pays, lié directement au régime soviétique d’une part, mais aussi avec les conflits avec la Russie, de manière plus récente (souvenez-vous des attaques russes en Ossétie il y’a seulement quelques années de cela). À la fois la Géorgie et les géorgiens souhaitent vouloir se couper d’une part de la grande sœur Russe, à la fois elle est un allié important, un pourvoyeur de fonds de premier ordre pour financer cette reconstruction. La plupart des géorgiens parlent le russe très facilement, on retrouve cette langue sur une grande majorité des affichages publics (quand il y’en a ;-)). Et puis il y’a les relations avec l’Europe dont j’ai eu du mal a définir les contours. Quelque chose me dit que la Géorgie pourrait prendre exemple sur la Turquie vis à vis du moyen orient et devenir une sorte de sas d’entrée vers la Russie.

En tout cas, il est sur que le tourisme va exploser et la révolution touristique est en marche. Reste que les standards européens, eux, ne sont pas encore au rendez-vous. L’offre reste orientée vers les backpackers d’une part, et les voyages de luxe d’autre part… En tout cas, je n’ai pas vu de véritable offre intermédiaire, aussi bien au niveau de la restauration que de l’hôtellerie.

Autant de raisons qui m’ont fait me poser beaucoup de questions sur ces destinations qui n’en sont pas vraiment, tout du moins pas encore. Sans nul doute, je retournerai en Géorgie dans quelques années, pour voir ces édifices achevés et voir comment les choses ont évolué. 2 heures avant mon départ, un polonais expatrié à Tbilissi me confiait ne plus reconnaître la ville, pour y être venu il y’a 5 ans. Il soulignait la vitesse à laquelle le pays avait changé. Qu’en sera t’il dans 5 autres années ? Ou en sera le régime actuel ? Est-ce que le poker et l’argent vont changer le pays ? Il y’aura t’il encore tant de travaux ? Est-ce que le tourisme aura explosé ?

En tout cas, je vous conseille vivement cette destination, pour ses paysages fabuleux, une culture séculaire et une histoire et des traditions extrêmement riches, mais aussi pour ses gens si accueillants derrière une façade un peu brute de décoffrage (à l’image de ses villes si je puis me permettre…).

Bientôt des photos et quelques infos pratiques pour visiter la Géorgie et découvrir ses trésors ! Connaissez-vous la Géorgie, qu’en avez-vous pensé ?

4 réflexions sur “La Géorgie, un pays en mouvement”

  1. Et bien j’étais loin de penser que l’on pouvait passer près de 3 semaines en Géorgie. Ce n’est pas la première destination qui nous vient à l’esprit… En tout cas, ton article est super ! Je n’aurais jamais misé un sous sur la Géorgie et le développement du tourisme comme quoi…

  2. Les backpackers que j’ai rencontré tournent en général 2 à 3 semaines en Géorgie, avec pour certains, une virée en Arménie à Yerevan ou en Azerbaïdjan. Les relations avec la Russie restent tendues et la frontière est fermée au nord de Tbilissi excepté pour les géorgiens et les russes…
    Pour le développement du tourisme, il faudrait qu’ils se mettent à l’anglais et qu’ils étoffent l’offre, mais y’a de quoi faire. Après, j’ai entendu parlé du « tourisme rouge », plutôt développé en Chine mais qui est développé en niche dans certains pays de l’ex bloc soviétique…

  3. Hello Clément j’aurais souhaité savoir si vous avez rencontré des français à Tbilissi et si avez toujours contact avec certains?

    Merci beaucoup

    Claire

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